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Une aventure médocaine
1 juillet 2010

Vous avez dit "terrasse" ? Une (brève) histoire géologique du Médoc

croupe

Lorsqu'on évoque le Médoc, c'est le terme de croupe qui revient le plus souvent. Il faut dire qu'elle sont visualisables par toute personne qui visite la région. L'érosion des 20.000 dernières années rend difficile d'imaginer qu'il existe des liens entre ces croupes successives et les terrasses

Depuis un bon million d'années, la Gironde traverse le Médoc pour se jeter dans la mer, déposant progressivement pierres et alluvions au fil des glaciations et réchauffements successifs. Voici comment cela s'est passé :

terrasse_1

A chaque glaciation, le niveau de la mer baissait, obligeant le fleuve à creuser son lit pour pour pouvoir la rejoindre. Dès que le climat se réchauffait, le fleuve le comblait de galets, graviers, sables et argiles. Les dépôts ne se sont faits que sur la rive "gauche" car les hautes falaises calcaires de la rive droite empêchait tout "débordement"...

Comment en est-on arrivé aux croupes Il faut revenir à la dernière ère glaciaire il y a 20.000 ans : le niveau de la mer (et donc de la Gironde) est 120 m plus bas que le niveau actuel. Aussi tous les petites rivières et ruisseaux affluents de la Gironde doivent creuser perpendiculairement les terrasses pour rejoindre le fleuve. Dans le même temps,  des vents violents  venant de l'ouest ont amené du sable des Landes jusqu'à recouvrir les terrasses. 

Lors du réchauffement climatique, environ 10.000 ans plus tard, la Gironde comble tous les espaces disponibles de vases et de sédiments, créant les palus et les marais à la base des croupes. Ces derniers ne disparaîtront qu'à partir du XVIIème siècle avec la création de digues et d'écluses qui existent toujours (merci les hollandais !).

_cluse

Grâce à ces travaux gigantesques, la population a pu utiliser les terres fertiles nouvellement gagnées pour y planter des céréales et faire paître les troupeaux. Du coup, les croupes ont été libérées, et on a pu y faire pousser une plante peu exigeante : la vigne !

estey

bechelerDepuis une vingtaine d'années, Pierre Becheler réalise un véritable travail d'archéologue en essayant d'identifier les différentes terrasses déposées par la Gironde. Pour cela, il faut creuser et observer les couches successives, faire des rapprochements, en déduire la circulation des différents cours d'eaux en présence... Encore aujourd'hui, il n'est pas au bout de ses découvertes, et remet sans cesse son travail en question.

Au jour d'aujourd'hui, il a réussi à identifier six  terrasses numérotées de T1 à T6 qui présentent chacune des caractéristiques propres. Les grands crus médocains sont principalement sur les terrasses T3 et T4 constituées de graves et de graviers, reposant sur des sols marneux ou argileux.

terrasse_2

tastetSi Pierre s'est chargé de restituer les différentes terrasses en 3D, nous avons confié le texte de ces quelques pages consacrées à la géologie à  Pierre Becheler et à Jean-Pierre Tastet (son ancien professeur et complice dans ses recherches et excursions) car ils nous paraissaient les mieux placés pour en parler. Le style est un peu plus dense et aride que le mien, mais nous avons la certitude de n'avoir trahi ni leurs travaux, ni leurs pensées ;o)

Dans notre livre, certaines cartes géologiques des châteaux se sont inspirées de leurs travaux (car réalisées par Pierre Becheler ). D'autres relèvent d'une école de pensée plus "académique". Les deux se côtoient, car ce n'est certainement pas à nous de les départager.  

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